Le bonheur est dans les fripes?

Fripes alors !

Depuis quelque temps, est sorti dans les bacs le #39 Des fripes ! Fripes alors, le bonheur est-il bien dans les fripes ? Connais-tu le magazine local indé Les Autres Possibles ? Je te donne un p’tit indice… Il se plie comme une carte IGN – la boussole porte-parole des initiatives durables et solidaires à Nantes et son agglomération. Courant janvier, la rédac’ a eu la chance de rencontrer téléphoniquement Marie Le Douaran pour un temps d’échanges fort enrichissant. Pour cette fois-ci, le format choisi par la rédac’ prend la tournure d’un jeu de questions-réponses. Ainsi cher.e cyberlecteur.trice, tu vas pouvoir savourer l’essence même de cette rencontre…

Présentation de l’interviewée : Marie, peux-tu te présenter ?
Ton poste, ton parcours, pourquoi travailler au sein des Autres Possibles ?

Je suis Chargée de la Coordination et des développements au sein de l’association Les Amis du MAP. Journaliste de formation et ayant travaillé quelques années à L’Express, je décide de m’en éloigner parce que le traitement de l’information ne correspondait plus à mes valeurs et mes envies. Je travaillais dans un open space où il fallait du rendement, diffuser de l’info en continu, 7jours/7. Que faire après cette expérience professionnelle ? J’étais épuisée ! Après quelques mois sabbatiques, j’ai rejoint début 2017 l’équipe éditoriale du magazine de presse indé nantaise Les Autres Possibles, fondé par Marie Bertin, Camille Van Haecke et Jeanne La Prairie. Je souhaitais rester quand même dans l’univers des médias. Je rebondis en répondant à ce poste de chargée de diffusion façon « couteau suisse » aux Autres Possibles. Me sentant prête à relever le défi de prendre ce nouveau poste ! Depuis, début 2021, j’ai pris mon poste actuel en remplaçant Jeanne La Prairie, qui est repartie vivre d’autres aventures sur sa terre natale, à Brest.

Le sexisme dans les médias : vous aviez animé plusieurs tables rondes abordant cette thématique. Quel constat faites-vous aujourd’hui ? Est-ce toujours d’actualité(s) ?
Et surtout, quelles sont les solutions pour que cela change ?

Je n’anime pas les ateliers médias contre le sexisme, ce sont mes collègues Aurélie Bacheley et Pierre Mousset qui le font. Mais je remarque que la jeune génération que j’ai rencontrée a un sens aigu du sujet. Ces jeunes ont tous été confrontés un jour ou témoins de sexisme dans leur proche entourage. Grâce à ces ateliers médias, cela leur permet de libérer la parole et d’aiguiser leur sens critique. Ils se sentent concernés et c’est l’occasion de pouvoir mettre des mots sur des situations discriminatoires en rédigeant un journal ou un blog pour lutter contre le sexisme. (Ex : En juin 2021, 9 Lycéens du Lycée Camille Claudel à Blain ont conçu un blog et 6 articles. Ce projet a été mené par les Autres Possibles et le Centre Socioculturel Tempo. Les thématiques abordées portaient sur l’éducation non genrée ; le manque de mixité au lycée ; l’hypersexualisation sur les réseaux sociaux ; la montée de propos sexistes durant la scolarité…). Comme beaucoup, j’ai été témoin de propos sexistes, et j’en ai reçu quelques-uns également ! Aujourd’hui, aux Autres Possibles, j’apprécie de travailler dans le cadre humain et bienveillant qu’on a construit.

Le guide durable : le 09 septembre 2022, vous aviez édité le guide Nantes durable et solidaire nous proposant votre sélection des 600 adresses engagées. Avec quels critères de sélection ? Comment savez-vous décrypter l’anti-greenwashing ?

J’ai co-rédigé ce guide qui propose une information 100% fiable, locale (se limitant à Nantes et ses 23 communes de l’agglo) et indépendante. Les principaux critères de sélection sont portés sur :
–    L’importance de l’expérience client avec un bon rapport qualité/prix, bien accueilli et accessible pour tout public ;
–    Leur engagement local, écologique et sociétal ;
–    Ayant une dimension participative dans leur gouvernance.

Au total, ce sont 600 bonnes adresses engagées dans le bassin nantais où il fait bon s’équiper, se ravitailler, s’évader, s’engager, accompagnées d’astuces pour moins dépenser et savoir comment décrypter l’anti-greenwashing !

Pour moi, l’important était l’envie de conseiller en répondant à cette question “ Et si je consomme à cet endroit, où va mon argent ? ” Et de mettre en avant des structures, notamment de l’ESS, dont les projets sont inspirants pour une consommation raisonnée au prix juste.

Le dernier numéro + précisément : votre dernier numéro #39 parle des fripes nantaises et alentours. Alors, vous y croyez-vous aux pouvoirs green de la friperie ? Fake or not ?

Je suis consciente du désastre causé par l’industrie textile. Le rôle d’un média selon moi, est d’éclairer les lecteurs : dans ce numéro nous donnons des infos sur les dessous du monde local de la friperie. En effet, il va exister des fripes qu’on peut appeler “ responsables ”, par exemple qui vont être chinées et revendues localement et des fripes moins vertueuses écologiquement, achetées en gros pouvant parcourir des milliers de kilomètres avant d’arriver jusqu’à nous. Dernièrement, je me baladais à Paris dans le quartier du Marais. J’ai remarqué une explosion de friperies ultra chics où la grande tendance est de s’habiller vintage parce que c’est cool et que l’idée derrière c’est que c’est green. C’est très bien de consommer des vêtements qui existent déjà. Mais si c’est pour en faire un produit de luxe inaccessible à tous, on perd un peu le sens premier… Donc, la fripe a aussi ses limites, elle peut aussi retomber dans les diktats capitalistes, à savoir faire du profit à tout prix !

Les projets de l’année 2023 : En ce début d’année 2023, qu’est-ce qui te tient à cœur ?
Ainsi qu’au reste de l’équipe éditoriale ?

Comme l’année 2022 a été très intense, l’année 2023 rimera avec réflexions, sobriété, célébration… Eh oui, Les Autres Possibles vont fêter leur 7 ans ! Alors, pour se laisser du temps à la réflexion, ne seront publiés que 4 magazines en 2023. C’est aussi pour faire face à une autre réalité moins glamour, celle de l’inflation du papier !
Les réflexions ressenties par toute l’équipe vont porter sur l’évolution et le positionnement en tant que média indépendant nantais dans ce monde qui bouge. La question des responsabilités environnementale et sociale ont pris de l’ampleur depuis que le magazine existe. Nous traversons une période de crise qui perdure, rendant la vie inconfortable pour la plupart des Nantais et pour certaines structures qui sont en difficultés ou doivent fermer – conséquences de la post-crise sanitaire. Telles que La Ressourcerie de l’Île ; les Virevoltantes ; la Loustikerie ; six épiceries vrac dont Ô Bocal dans notre agglo et peut-être d’autres encore courant de cette année. Donc, nous devons nous poser la question de notre rôle en tant que média indépendant au sein de cette société en bouleversement.

En avant-première, la rédac’ te donne la thématique du prochain numéro qui abordera l’engagement citoyen, la lutte face à l’urgence climatique. Il faudra patienter un peu car il paraîtra début mars 2023 !

Le mini-quiz express de la rédac’

Je te propose de clôturer cet interview par le « mini-quiz express » de la rédac’ afin que tu puisses connaître un peu plus Marie…

1. Ton éco-geste du matin ? « Aller à vélo au travail par tout temps »
2. Ton péché mignon ? « Prendre le goûter, un thé fumant et du très bon pain »
3. Alors, cette réforme de la retraite ? Tu en penses quoi ? « Il est temps de manifester ! »
4. Ton passe-temps favori ? « Prendre le train et regarder à travers la vitre le paysage qui défile… ; coudre des vêtements car cette passion de coudre m’a été transmise par ma grand-mère »
5. Ta + grande fierté ? « Il y en a une qui ne résulte pas d’un effort personnel mais d’une volonté collective : celle de voir que Les Autres Possibles fédèrent depuis 6 ans une équipe soudée, que nous avons réussi à la faire évoluer et grandir, et que nous portons ensemble des valeurs fortes (comme l’égalité salariale, par exemple). C’est un vrai travail sur le rapport au travail et c’est très intéressant ! »